Ma sœur ! ma sœur ! Venez !
Non ! non ! n’appelez personne :
Qu'elles aillent prier, puisque leurs cloches sonnent !
J’ai fait votre malheur ! moi ! moi !
J’ignorais la douceur féminine. Ma mère
Ne m’a pas trouvé beau. Je n’ai pas eu de sœur.
Plus tard, j’ai redouté l’amante à l’œil moqueur.
Je vous dois d’avoir eu, tout au moins, une amie.
Grâce à vous une robe a passé dans ma vie.
Je vous aime, vivez !
Il est trop tard, cousine.
Je vais monter là-haut,
Dans la lune opaline.
Plus d’une âme que j’aime y doit être exilée,
Et je retrouverai Socrate et Galilée !
Qui fut tout, et qui ne fut rien.
… Mais je m’en vais, pardon, je ne peux faire attendre
Vous voyez, le rayon de lune vient me prendre !
— Ne me soutenez pas ! — Non, rien !
Rien que les arbres !
Elle vient. Je me sens déjà botté de marbre,
— Ganté de plomb !
Oh ! mais !… puisqu’elle est en chemin,
J'irai à sa rencontre,
et l’épée à la main !
Que dites-vous ?… C’est inutile ?… Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès !
Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile !
— Qu’est-ce que c’est que tous ceux-là ! – Vous êtes mille ?
Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !
Le Mensonge, les Lâchetés, les Compromis,
— Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;
N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !
Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose !
Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose
Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu,
Mon salut balaiera largement le seuil bleu,
Quelque chose que sans un pli, sans une tache,
J’emporte malgré vous,
et c’est…
C’est ?…
Mon panache.